Entreprendre une démarche : l’accueil et l’évaluation
Homme : « Ouain, c’est pour un rendez-vous »
Intervenant : « D’accord. On vous a référé chez nous? »
Homme : « Ben, c’est ma femme, là, elle m’a donné votre pamphlet. »
Intervenant : « Elle l’a eu au CLSC? »
Homme : « Non, à la maison des femmes, là. On lui a dit que chu ben violent pis qu’y faut que je me fasse soigner, ça a l’air… »
Intervenant : « Qu’est-ce que vous en pensez, vous? »
Homme : « Ben, ch’pogne les nerfs pis je chiale, mais c’est pas physique. En tous cas, m’a t’expliquer ça quand j’vas te voir. »
Intervenant : « J’vous écoute, vous m’avez l’air tendu en ce moment »
Homme : « Ouain, ça va mal, là, j’ai perdu ma job, pis là… y a ça qui arrive en plus (silence, sanglots). »
Intervenant : « C’est difficile, je comprends, on en parlera, OK? »
L’événement de violence plus ou moins récent à l’origine de votre demande de services a eu des séquelles et cette crise vous laisse démuni ou, à tout le moins, vous place en déséquilibre. Vos difficultés émotionnelles, longtemps niées, évacuées par la violence, absorbées par votre conjointe, vous reviennent de plein fouet et vous ne savez qu’en faire. Vous lui en voulez. Elle vous laisse tomber et vous devez maintenant aller vous faire moraliser par un inconnu.
Une première rencontre de consultation auprès d’un organisme qui intervient auprès des conjoints à comportements violents peut être une grande source d’anxiété. Vous vous y présenterez peut-être à reculons, parce que vous avez peur du jugement, avez honte, êtes en colère, vous vous sentez coupable, vous niez ou sous-estimez le problème. Ce sont des états et attitudes que l’on retrouve fréquemment à cette étape.
Sachez que vous serez accueillis ― dans ce que vous êtes et vivez ― par une écoute bienveillante et exempte de jugement. Toutefois, l’attitude neutre (sans parti pris pour l’un ou l’autre des conjoints) s’accompagne d’un positionnement clair quant à la philosophie de l’intervention : nous travaillons avec vous, mais nous sommes contre la violence.
Nous en arrivons ainsi à l’enjeu du travail thérapeutique : le changement. Pour changer vraiment, il importe de faire face à ses difficultés intérieures et pour cela, il faut renoncer à ses comportements et à la légitimité qu’on leur accorde. Ce processus implique donc autant la guérison intérieure que la responsabilisation.
Les étapes du changement sont les suivantes :
- Reconnaître votre problème
- Dévoiler vos attitudes et comportements
- Reconaître l'intention de vos gestes
- Conscientiser l'impact des agirs sur vos proches
- Vous approprier votre monde affectif
- Assumer les conséquences et pertes découlant de votre violence, rechercher la réparation
- Comprendre les sources de votre violence et vous en libérer
Vous comprendrez que ce processus requiert du temps et de l’engagement. On ne plonge pas dans la souffrance sans préparation et sans avoir à remonter à la surface régulièrement. Le rythme de chacun est à respecter.
Alors, pouvez-vous changer? Même si vous pensez que non, nous croyons pour notre part que si vous vous engagez sérieusement dans un processus de responsabilisation de votre dynamique de violence, vous pouvez y arriver, pour votre mieux-être et celui de vos proches.