Mise en contexte
« C’est de ma faute… Je vais briser la famille si j’en parle… Je me sens sale… Je n’aurais pas dû m’habiller comme ça…» ou encore « Ça m’est arrivé… personne ne va me croire : j’suis un gars! Qu’est-ce que je peux faire? J’ai honte… Je me sens seul…». Si vous avez été victime d’agression sexuelle, il se peut que vous vous reconnaissiez dans ces phrases.
Sachez que vous n’êtes pas seulE dans cette situation. En effet, les statistiques démontrent qu’une femme sur trois et un homme sur six seront victimes d’au moins une agression sexuelle au cours de leur vie. Comme vous, la plupart des personnes qui ont été victimes d’agression sexuelle ont de la difficulté à dévoiler ce qu’elles ont vécu, car l’agression sexuelle est un crime qui est soutenu, en partie, par la loi du silence.
Il est important de se rappeler qu’une agression sexuelle est un acte criminel qui porte atteinte à l’intégrité physique et psychologique d’une personne, un acte pouvant entraîner de multiples conséquences. Que vous soyez une femme ou un homme, vous pouvez demander de l’aide.
Dans cette section, vous trouverez des informations qui guideront votre réflexion et votre compréhension à propos des agressions sexuelles. Vous trouverez aussi des ressources qui pourront vous venir en aide si vous avez été victime d’une agression sexuelle.
Définition

Une agression sexuelle1 est un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou, dans certains cas, notamment dans celui des enfants, par une manipulation affective ou par chantage.
Il s’agit d’un acte visant à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite.
Une agression sexuelle porte atteinte aux droits fondamentaux, notamment à l’intégrité physique et psychologique et à la sécurité de la personne.
Cette définition s’applique, peu importe l’âge, le sexe, la culture, la religion et l’orientation sexuelle de la personne victime ou de l’agresseur sexuel, peu importe le type de geste à caractère sexuel posé et le lieu ou le milieu dans lequel il a été fait, et quelle que soit la nature du lien existant entre la personne victime et l’agresseur sexuel.
Une agression sexuelle peut prendre plusieurs formes :- Baisers à caractère sexuel.
- Attouchements : seins, cuisses, fesses, pénis, vulve, anus.
- Masturbation de la personne par l’agresseur et vice-versa.
- Contact oral-génital :
- - fellation : intromission du pénis de l’agresseur dans la bouche de la victime ou du pénis de la victime dans la bouche de l’agresseur.
- - cunnilingus : contact, avec la bouche, des organes génitaux de la fille ou de la femme.
- Pénétration : pénétration vaginale ou anale par le pénis, les doigts ou un objet.
- Harcèlement sexuel : toutes formes d’attentions ou d’avances non désirées à connotation sexuelle qui provoquent l’inconfort, la crainte et menacent le bien-être d’une personne. Cette forme d’agression sexuelle peut comprendre les regards insistants, les paroles, les gestes, les attouchements, les menaces, les propositions, les blagues et l’affichage de matériel pornographique.
- Exhibitionnisme : terme qui décrit le comportement d’une personne qui montre ses parties génitales en public.
- Frotteurisme : terme qui décrit le comportement d’un individu qui recherche le contact physique avec des personnes non consentantes, dans des endroits publics. Par exemple, c’est tenter de frotter ses organes sexuels sur des inconnus dans le métro.
- Voyeurisme : terme qui décrit un comportement ou une tendance «voyeuriste», c’est-à-dire basé sur l’attirance à observer l’intimité ou la nudité d’une personne ou d’un groupe de personnes.
- Visionnement, téléchargement, distribution ou production de matériel pornographique juvénile : « toute représentation, par quelque moyen que ce soit, d’un enfant s’adonnant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute représentation des organes sexuels d’un enfant, à des fins principalement sexuelles »2
Légende & sources
- 1) Définition du Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec.
- 2) Élément de la définition ne se trouvant pas dans la définition du MSSS, mais étant défini par l'Organisation des Nations Unies
Consentir à des contacts sexuels, ça implique…?
Un des éléments centraux de la définition de l’agression sexuelle est la notion de consentement. Pour qu’un consentement soit véritable, il faut que celui-ci soit « libre » et « éclairé ».
Voici un tableau qui vous aidera à identifier les différents éléments qui délimitent en quoi consiste un consentement libre et éclairé.
Le CONSENTEMENT LIBRE et ÉCLAIRÉ, c’est3 : | ||
CONSENTEMENT | LIBRE | ÉCLAIRÉ |
ÊTRE CONSENTANT, C’EST …
|
LA LIBERTÉ, CE N’EST PAS…
|
VOIR CLAIR, C’EST …
|
Statistiques
Il s’avère difficile d’obtenir des données statistiques exactes portant sur le nombre d’agressions sexuelles commises chaque année au Québec puisque la majorité des personnes ne déclarent pas à la police les agressions sexuelles subies. Certaines études soutiennent que les agressions sexuelles sont les infractions contre la personne les moins signalées aux autorités policières. La honte ou la peur ressentie par les victimes, ainsi que les tabous, les mythes ou les préjugés à l’endroit de ces crimes, empêchent la dénonciation.
En 2008, au Québec, les corps policiers ont enregistré 5341 infractions sexuelles5. De ces infractions :
- 83% des victimes étaient de sexe féminin;
- 68% des victimes avaient moins de 18 ans (53% étaient des filles et 15% étaient des garçons);
- 32% des victimes étaient d’âge adulte (30% étaient des femmes et 2% étaient des hommes);
- Un peu plus de huit victimes sur dix (81%) connaissaient leur agresseur;
- Près de sept personnes sur dix (69%) ont été agressées dans une résidence privée.
- Les études les plus rigoureuses sur le plan méthodologique suggèrent qu'une femme sur trois et un homme sur six sont agressés sexuellement avant d'atteindre l’âge de la majorité (Badgley et al., 1984; Bagley et Ramsay, 1986; Coffey et al., 1996; Finkelhor et al., 1990; Russell, 1983)6.
Légende & sources
- 5) Statistiques 2008 sur les agressions sexuelles au Québec, Ministère de la Sécurité publique, décembre 2009
- 6) IN Tourigny et Guillot. 1999. « Conséquences entourant la prise en charge par les services sociaux et judiciaires des enfants (0-17 ans) victimes d’agression sexuelle », Québec, Ministère de la Santé et de Services sociaux, 95 pages.
Saviez-vous que?

La consommation de drogue et d’alcool ne peut excuser un geste d’agression sexuelle
Une tenue vestimentaire ne peut provoquer une agression sexuelle
Le silence n’est pas une forme de consentement
À tout moment, lors de contacts sexuels, vous pouvez choisir de dire « non »
Le corps peut ressentir des sensations de plaisir au moment d’une agression sexuelle.
Les conséquences possibles chez les personnes victimes d’agression sexuelle7
À la suite d’une agression sexuelle, diverses conséquences peuvent survenir sur une période de temps variable, débutant soit immédiatement après l’agression sexuelle ou plusieurs années plus tard. Il faut aussi se rappeler que les conséquences qui sont fréquemment répertoriées à la suite d’une agression sexuelle ne sont pas exclusives à cette problématique.
Les conséquences peuvent se répercuter à différents niveaux chez une personne :
Réactions physiques- Tremblements, sursauts
- Hyperactivité ou manque d’énergie
- Palpitations, crises de panique
- Maux de tête
- Infections transmissibles sexuellement
- Blessures
- Douleurs physiques, différentes somatisations, tensions musculaires
- Troubles du sommeil
- Troubles de l'alimentation (anorexie, boulimie)
- Perception négative de soi et du monde extérieur
- Hypervigilance, insécurité
- Difficultés à prendre des décisions
- Difficultés d’attention et manque de concentration
- Perte de mémoire, déni
- Dissociation
- Reviviscences (images intrusives, cauchemars, pensées envahissantes)
- Découragement
- Idées suicidaires
- Culpabilité sans raison objective
- Peur, tristesse, honte
- Irritabilité, colère, rage, désir de vengeance
- Impuissance
- Difficulté à se sentir en sécurité chez soi ou à l’extérieur
- Perte de joie de vivre, sentiment de vide intérieur, état de déprime
- Estime de soi diminuée
- Perte de confiance en la vie et en autrui
- Sentiments de fragilité et de vulnérabilité permanents
- Isolement, repli sur soi, retrait
- Difficultés d’affirmation
- Évitement (endroits, individus ou situations rappelant l’agression)
- Comportements agressifs, impulsivité
- Consommation (alcool, drogues, médicaments)
- Problèmes relationnels (intimité, sexualité, communication)
- Évitement des émotions
- Automutilation
- Tentatives de suicide
- Plus grande vulnérabilité à la revictimisation
- Hypersexualité
Nous remarquons que certains problèmes de santé mentale sont également présents :
- Dépression, anxiété
- État de stress post-traumatique
- Trouble de personnalité limite
- État psychotique
Les personnes qui ont vécu une agression sexuelle ne présentent pas toutes les mêmes conséquences. Les réactions peuvent être influencées par divers facteurs : l’âge au moment de l’agression, la fréquence et la durée des agressions sexuelles, le lien entre la victime et l’agresseur, la nature des gestes posés, le contexte de l’agression sexuelle (menaces, violence, peur de mourir), les réactions des personnes de l’entourage au moment du dévoilement, le délai pour recevoir de l’aide et les ressources personnelles de la victime.
Légende & sources
- 7) Outil développé par Évelyne Donnini et Catherine Séguin-Savioz dans le cadre de la formation « L’intervention individuelle post-traumatique 1 : évaluer, comprendre et traiter le trauma ».
Trousse de réconfort8
Une trousse de réconfort est un ensemble de choses, d’objets que vous conservez à la portée de la main et que vous pouvez utiliser quand vous vous sentez anxieuse, triste, angoissée, submergée ou tout simplement quand vous avez besoin d’un peu de réconfort.
Il est suggéré de vous procurer un contenant avec un couvercle (petite boîte, coffret, etc.) où vous pourrez conserver le contenu de votre trousse de réconfort.
Que devrait contenir votre trousse? Voici quelques suggestions :
- Objet symbolique (talisman, bijoux, bibelot, bout de tissu, porte-bonheur, etc);
- Photos d’objets, d’éléments ou de paysages, trop grands pour être mis dans une boîte. (photo de famille, de la mer, votre foyer, etc.);
- Chose qui vous rappelle une odeur réconfortante (parfum, baume, pot-pourri, etc.);
- Techniques d’ancrage et de respiration;
- Poèmes, textes, petites phrases réconfortantes;
- Numéro de téléphone de personnes sur qui vous pouvez compter;
- Toutes les autres choses que vous trouvez réconfortantes.
De plus, voici certaines choses à faire qui peuvent aider :
- Écouter sa musique préférée;
- Prendre un bain relaxant à la chandelle;
- Marcher dans un parc et prendre le temps d’observer la nature;
- Se bercer avec un toutou;
- Respirer;
- Chanter;
- Dessiner, écrire;
- S’envoyer des fleurs « À moi de moi »;
- Appeler un ou une amiE.
Légende & sources
- 8) Cet outil a été développé par le Centre de prévention et d’intervention pour les victimes d’agression sexuelle de Laval (CPIVAS).
Décider de parler de l’agression sexuelle
Dévoiler une agression sexuelle n’est pas une décision facile à prendre. Pour différentes raisons, plusieurs victimes hésitent à dévoiler leur agression. Il est probable que :
- Vous craigniez l’agresseur et ayez peur des représailles;
- Vous ayez l’impression d’être seulE à vivre une telle situation;
- Vous ayez honte de ce qui vous est arrivé;
- Vous ayez l’impression d’être responsable de ce qui vous arrive;
- Vous ayez peur de ne pas être cruE;
- Vous ayez parfois des sentiments confus à l’égard de l’agresseur;
- Vous craigniez les démarches judiciaires;
- Vous craigniez de perturber la vie de vos proches;
- Vous craignez les réactions ou les remarques de votre entourage;
- Vous croyiez que cela fait trop longtemps que c’est arrivé.
Malgré ces craintes, il est essentiel de retenir que le premier pas pour réussir à surmonter les conséquences d’une agression sexuelle consiste à briser le silence et à demander de l’aide.
Je veux trouver de l’aide
Aide psychologiqueSi vous avez été victime d’une agression sexuelle récemment ou il y a plusieurs années et que vous aimeriez obtenir de l’aide pour surmonter les conséquences de l’agression, sachez qu’il existe différentes ressources pour vous venir en aide. Cliquez pour consulter une liste plus complète des ressources, à Laval et ailleurs au Québec.
- CPIVAS (Centre de prévention et d’intervention pour les victimes d’agression sexuelle de Laval)
Tel.: 450.669.9053
Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
www.cpivas.com - Regroupement québécois des CALACS à Montréal
Tel.: 514.529.5252
www.rqcalacs.qc.ca - CRIPHASE (Centre de Ressources et d’Intervention Pour Hommes Abusés Sexuellement dans leur Enfance)
Tel.: 514.529.5567
Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
www.criphase.org - CETAS (Centre d’entraide et de traitement des agressions sexuelles)
Tel.: 450.431.6400
Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. - CAVAC (Centre d’aide aux victimes d’acte criminel)
Tel.: 1.888.532.2822
www.cavac.qc.ca - Centre désigné de Laval pour les Victimes d’Agression Sexuelle
Tel.: 450.668.1803, poste 5173 - Centre jeunesse de Laval
Tel.: 450.975.4000 - L’Ordre des psychologues du Québec
Tel.: 1.800.363.2644 - L’Ordre professionnel des travailleurs sociaux du Québec
Tel.: 1.888.731.9420 - L’Association des sexologues du Québec
Tel.: 514.270.9289